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Dossier scientifique : Sommes-nous vraiment plus intelligents en groupe ? (Partie 1)

Ensemble nous sommes plus forts, mais sommes-nous plus intelligents ?

Dans notre quête incessante de compréhension et d’innovation, la question de l’intelligence collective se pose avec acuité. Sommes-nous réellement plus intelligents en groupe ? Ce dossier se propose d’explorer cette interrogation du point de vue scientifique sur le concept de l’intelligence collective.

Avant toute chose, qu’est-ce que l’intelligence collective ?

L’intelligence est une notion complexe à définir. L’intelligence collective l’est encore plus. Elle n’a pas de définition toute faite car elle peut être définie de plusieurs manières, en fonction de l’environnement dans lequel on évolue.  Dans ce dossier, nous allons nous limiter à la forme d’intelligence collective en lien avec la capacité cognitive d’un groupe (comment ils peuvent réfléchir) à résoudre un problème ensemble.

Nous commençons notre dossier par une étude de référence sur le sujet, réalisée en 2010 au sein du MIT.

Le QI d’un groupe existe et ne dépend pas du QI de ses membres

Oui, vous avez bien lu, et c’est ce qui a été démontré au sein d’une étude nommée “Evidence for a Collective Intelligence Factor in the Performance of Human Groups” menée en octobre 2010 au sein du MIT par le Professeur Thomas W. Malone et les chercheurs : Anita Williams Woolley, Christopher F. Chabris, Alexander Pentland et Nada Hashmi.

Ce n’est qu’en juin 2011 que l’on aura réellement les insights de cette étude lors d’une interview donnée par les chercheurs Anita Williams Woolley et Thomas W. Malone pour Harvard Business Review.

L’objectif de cette étude était d’explorer l’influence de l’intelligence collective sur la performance de groupes variés. Pour mener à bien cette expérience, 192 groupes ont été formés au hasard et soumis à différentes tâches nécessitant collaboration et résolution de problèmes. La performance de chaque groupe a été évaluée pour identifier un « facteur c » d’intelligence collective

Voici ce qu’il en est ressorti principalement :

  • Il y a une faible corrélation entre l’intelligence collective d’un groupe et le QI individuel de ses membres.
  • Des éléments comme la satisfaction, la cohésion ou la motivation du groupe n’ont pas d’impact significatif sur l’intelligence collective.
  • L’intelligence individuelle ne détermine pas forcément la capacité collective du groupe à performer.

Ils ont ainsi constaté l’émergence de 2 facteurs déterminants influençant l’intelligence d’un groupe :

  1. La perception sociale : Ils ont constaté que lorsque le groupe était composé de membres capables de deviner les émotions dans les yeux des autres (test du “Reading the mind in the eyes”) , le groupe était en moyenne plus intelligent collectivement. De plus, “les femmes obtenaient en moyenne des résultats plus élevés que les hommes dans cette mesure de perception sociale” explique Malone lors de l’interview.
  2. La répartition du temps de parole : Lorsqu’une ou deux personnes prennent trop de place au sein du collectif, le groupe est en moyenne moins intelligent collectivement que si la participation et la parole étaient distribuées équitablement entre tous les membres.

Cette étude souligne que l’équilibre dans la distribution de la parole et la sensibilité sociale des membres améliorent l’intelligence collective d’un groupe. Ces compétences facilitent une communication efficace et des interactions de qualité, cruciales pour la résolution de problèmes. Bien que ces soft skills soient souvent attribués aux femmes, l’étude rappelle qu’elles ne sont pas exclusives à un genre mais représentent des compétences clés accessibles à tous, bien que statistiquement plus fréquentes chez les femmes.

Elle remet en question les attributs qu’on accorde généralement aux collectifs, notamment la cohésion, la motivation ou la satisfaction, qui n’ont finalement pas beaucoup d’influence sur l’intelligence et l’efficacité d’un groupe. Le rôle de l’équité de parole, de l’intelligence sociale et de l’empathie, semble plus important.

Cette étude nous invite à mieux structurer nos temps collectifs (réunion, atelier, ..) pour que tout le monde puisse s’exprimer de manière équitable en utilisant, par exemple, les techniques de facilitation. Elle nous montre aussi l’importance de développer des softs skills tels que la prise de parole, l’écoute active ou encore l’intelligence émotionnelle.

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